Il est 6h, en ce dimanche 20 juillet, quand je m’élance dans un silence quasi-religieux au travers des rues de Pau. Le but de cette virée matinale est de rejoindre la ligne de départ de la fameuse « Etape du Tour 2014 » réservée aux amateurs.

Quelques minutes plus tard, je me retrouve sur cette immense place où plus de 10.000 fondus de vélo sont déjà présents dans les différents sas de départ. Avec le froid et la pluie qui s’annoncent plus de 3.000 concurrents ont préféré laisser leur vélo préparé depuis des semaines dans le coffre de leur break…pas très courageux !

Malgré ma décontraction apparente, je ressens un certain stress par rapport aux difficultés à venir : 150 kilomètres, plus de 4.000 mètres de dénivelés positifs, 2 cols Hors Catégorie dont le mythique Tourmalet culminant à 2.115 mètres et 2 côtes de 3ème Catégorie. Et bien sûr, je ne n’oublie pas le froid et la pluie qui seront finalement de la partie tout au long du parcours.

LA JOURNEE SERA DANTESQUE digne des folles épopées du Tour de France mais que je vais être loin, très loin des caméras TV de France 2.

Mon objectif est clair :  finir cette course préparée en escaladant des dizaines de fois la côte des 17 Tournants et la Butte des Vignes….mais serais-je au niveau, moi qui est commencé le vélo en solo il y a seulement 6 mois , et qui n’a jamais gravi le moindre cols ?

A quelques minutes du départ, je me fais la promesse de finir cette course même si je dois me faire dépasser par la Voiture Balai éliminatoire. Il en va de mon amour propre, bien mis à mal depuis quelques mois, des difficultés rencontrées et surtout de la promesse effectuée à la plus grande de mes filles que je ferais, un jour, le “Tour de France » comme l’équipe de mon entreprise” !!!

Et puis je pense aussi à cette maxime inventée avec mon frère qui s’applique si bien à ma situation compliquée : “Il faut tenter de relever la tête car c’est dans la difficulté que l’on voit les Grands Champions”.

A 7h40, je m’élance donc dans les rues de Pau en direction des premières difficultés. Les cyclistes roulent dans un silence monacale alors que le public est déjà là sur le bord des routes à applaudir sans discontinuer !!!!!

Très vite de petits groupes se forment pour rouler en peloton dans la plaine….car dans les côtes et les cols cela sera chacun pour soi et que “Dieu vous préserve” !!!!

Je brise rapidement la glace avec 2 amateurs qui drôle de coïncidence sont pour l’un licencié au club de Sainte-Maure-de-Touraine et pour l’autre vient de l’île d’Amorgos !

La 2 premières difficultés, des côtes de 3ème catégories, sont montées aisément à ma main. Les descentes, par contre, sont périlleuses et me font peur surtout lorsque j’aperçois les 1ères ambulances ramassant les forçats imprudents.

Au 1er ravitaillement, la malchance se présente avec une roue qui se bloque….mais 1/2h plus tard, l’assistance Mavic fait des miracles et me permet de continuer cette folle épopée.

La lente procession vers le pied du Tourmalet s’effectue sous la pluie. Celle-ci sera l’invitée des festivité jusqu’à l’arrivée au sommet de la station d’Hautacam.

Au pied du col, je m’arrête pour enfiler mon Kway et discuter avec un autochtone. Il n’en croit pas ses oreilles lorsque je lui annonce que je vais entamer mon 1er col bien que ce soit l’un des plus difficiles de notre Hexagone. D’ailleurs, je me dois de passer de nouveau à Ste-Marie-de-Campan pour déguster le Champagne promis en cas de réussite.

Dans ce col HC, long  de 17 km, la pente et les conditions climatiques nous « mangent peu à peu » pour nous ramener bien vite à la terrible réalité!  Près de 2h d’effort intense pour cette victoire sur moi-même et face à une nature hostile où même les vaches, au milieu de la chaussée par endroit, sont venues s’inviter….les pros mettront certainement moins de 45 minutes dans quelques jours.

Au sommet, le temps est glacial avec des températures oscillant entre 3°C et 5°C selon les compteurs. La longue descente fut un enfer avec des courbes dangereuses, des roues qui chassent à proximité des ravins, des mains glacées constamment sur les freins sur plus de 40 km jusqu’à Luz-Saint-Sauveur !

Ce fut peut-être le moment le plus pénible pour beaucoup d’entre nous et d’ailleurs un certain nombre ont mis le “clignotant” à Barèges.

Au pied de la terrible montée vers Hautacam, certains aussi n’auront pas le courage de tenter l’impossible et préféreront aller vers le parking pour se réchauffer dans leur voiture !

Mais moi, je me dis que malgré la douleur, je ne dois pas abandonner. Et puis, il y a cette foule qui vous porte et vous transcende à l’instar d’une véritable Etape du Tour…Vous fendez la foule et la route s’ouvre devant vous pour le plus grand des plaisirs !

Cette montée de 13km, aussi classée HC, est terrible car irrégulière avec des passages oscillant entre 6% et 13%….mais la jouissance est là lorsque vous arrivez au bout sous un véritable crachin anglais qui vous éclabousse pour vous féliciter !

Au bout de cette folle journée, je suis très fier d’avoir réussi à rentrer dans les délais en laissant tout de même plus de 2.000 concurrents derrière moi sans compter les 1.000 abandons !!!!

Le résultat n’est pas le plus important…seule la satisfaction d’avoir réussie me permet de positiver ma situation!